J’ai été en arrêt maladie durant une semaine. Pour la 1ere fois depuis des années, ce n’était pas un arrêt consécutif à un épuisement / crise de douleur à force de tirer sur la corde. Tendinite du moyen fessier (affectueusement renommée « tendinite du cul ») nécessitant un repos total pour bien guérir. Du coup pendant une semaine, je suis restée à la maison en marchant le minimum.
C’était vraiment bizarre d’être en arrêt mais d’avoir l’esprit clair et de l’énergie mentale. Même si les 1ers jours j’ai un peu dégusté niveau douleur et angoissé car dans un effet domino de positions vicieuses, la douleur se répercutait dans mes genoux et mes mollets, globalement je me sentait bien. J’ai profité de cette immobilisation forcée pour dessiner 2 inktober par jour, histoire de prendre de l’avance pour les jours ou je pourrais pas dessiner. J’ai découvert twitch et la communauté de dessinateurs qui l’habite et me suis essayée à l’exercice.
Je me suis surprise
à être mentalement alerte, à avoir de l’énergie pour prendre
soin de ma compagne, et surtout à jouer beaucoup mieux à Fortnite.
J’arrivais à suivre l’action, à surveiller les alentours, je
visais beaucoup mieux, j’arrivais à parler avec les autres joueurs
en même temps, je n’emmêlais pas les mots en parlant… C’était
vraiment surprenant. Mon cerveau était clair, j’arrivais à me
concentrer. J’avais l’impression d’être une autre personne.
Le contraste m’a
fait réaliser à quel point le taff pouvait me fatiguer et me vider
de mon énergie. Conceptuellement, je le sais pourtant. Quand je
rentre le soir et que je n’ai la force de rien. Quand le samedi je
dort jusqu’à 12h et me recouche à 14h car je suis épuisée.
Quand en semaine je dois dormir 1h30 dès que je suis rentrée à la
maison pour pouvoir profiter d’un micro bout de soirée.
Tout ça, je le met
habituellement sur le dos de la fibromyalgie. Et c’est probablement
le cas. Mais c’est aussi du au travail. J’ai du mal à
m’endormir, me lever tôt signifie que je fais des nuits courtes de
moins de 6h. Les transports en commun me fatigue, me déplacer pour
travailler aussi, les nombreuses stimulations du travail également.
En bref, cette
semaine de repos m’a fait réaliser que cette demande de passage à
80 % que je convoite depuis des années n’est pas un caprice
de ma part. J’en ait vraiment besoin.
Je peux
techniquement travailler à 100 %, mais au prix d’une qualité
de vie totalement dégradée. J’ai de nouveau ressenti de
l’injustice. Bien sur que tout le monde est fatigué après le
travail. Bien sur que le week-end tout le monde veut se reposer et ne
peux pas forcement le faire car on va faire les courses, le ménage,
s’occuper des enfants s’il y en a, essayer d’avoir une vie de
famille. Mais il semblerait bien que la fatigue que je subit,
l’épuisement physique et mental, est un degrés au dessus en terme
d’intensité. ET c’est injuste.
Mais qu’est-ce qui
serait juste au final ? Cela m’amène à me poser des
questions sur le système du travail, sur la notion d’égalité,
d’équité. Qu’est-ce qu’on est en droit d’attendre, en tant
qu’individu, de la vie en dehors du travail ? Qu’est-ce qui
revient de droit à chacun d’entre nous ? Qu’est-ce qui est
légitime de demander à avoir ?
J’essaye
d’imaginer un monde au fonctionnement différent, prenant en compte
les caractéristiques de chacun et cherchant à faire que chaque
personne puis profiter au mieux de son existence. J’ai du mal. Il y
a tellement de facteurs à prendre en compte. Tellement d’autres
situations injustes.
Je n’ai pas de
conclusion. Je voulais juste noter quelques part comment je me
sentais après cette semaine de vrai repos.